Après 26 ans d’implication en politique municipale, le maire de Stoke, Luc Cayer, a choisi de ne pas se représenter aux élections qui auront lieu le 2 novembre prochain.
«Il n’y a pas vraiment de moment idéal pour annoncer qu’on quitte. C’est une question de feeling. Une espèce de pressentiment. Et on se dit : c’est le temps de le faire », confie Luc Cayer.
Celui-ci ajoute : «On ne reste pas parce qu’il y a encore quelque chose à faire. Parce que je resterais 50 ans et il y aurait encore, des choses à faire! »
Il y a quelques jours à peine, le maire jonglait encore avec la possibilité de poursuivre son implication. «La semaine dernière, j’ai eu une rencontre extraordinaire à Windsor avec les autres maires du Val-Saint-François. Même au moment de cette réunion, je n’avais encore aucune idée de ma décision.»
«Après 26 ans, je me sens prêt à quitter»
Il affirme toutefois que sa décision est bel et bien ferme. «J’aime encore la politique. Mais à un moment donné, après 26 ans de vie politique, je me sens prêt à quitter.»
Luc Cayer a laissé sa marque. Non seulement dans sa municipalité, où il a été conseiller pendant 10 ans et maire pendant 16 ans. Mais aussi dans le Val-Saint-François, en tant que préfet de la MRC pendant 10 ans.
Il trace un bilan positif de sa carrière politique. «À l’époque où j’étais conseiller, nous avons fait l’agrandissement du terrain de soccer et avons amélioré le terrain de balle. Pendant mon mandat à la mairie, nous avons agrandi le bureau municipal et modernisé le parc», souligne-t-il. Mais l’accomplissement qui le rend le plus fier, c’est la création d’une surface multisport.

Une partie du travail qui est moins connue
Luc Cayer fait remarquer qu’une grande partie du travail des élus n’est pas nécessairement connue des citoyens, mais est tout aussi importante.
«Nous avons mis en place une gestion de nos actifs. Pour répertorier tous les ponceaux sur le territoire de la municipalité. Il y en a environ 220. Nous les avons classés par catégorie. Nous pouvons ainsi planifier leur entretien et le prévoir dans nos budgets. Des choses comme ça, ce n’est pas «glamour» et ça ne parait pas. Mais ça nous permet de mieux gérer la municipalité.»
Il donne un autre exemple. «La loi oblige les propriétaires à respecter les normes pour leurs installations septiques. Mais c’est très dispendieux. Nous avons créé un fonds pour aider les familles qui ont moins de revenus à rénover leur fosse septique et leur champ d’épuration. C’est très aidant.»
Le maire se dit content de quitter à un moment où sa municipalité est dans une bonne situation financière. «Notre taux d’endettement est inférieur à la moyenne régionale et provinciale.»

Le «doyen» du conseil municipal
À 70 ans, le maire révèle être le «doyen» en terme d’années d’implication et en terme d’âge. «Il y a des membres du conseil qui pourraient être mes enfants», glisse-t-il.
Luc Cayer soutient ne pas avoir d’autres aspirations vis-à-vis de la vie politique. Il se dit toutefois ouvert à s’impliquer au sein de conseils d’administration d’organismes ou d’entreprises.
«Je ne vais pas m’encabaner. La porte est ouverte si des gens veulent me solliciter et profiter de mon expérience.»
La pandémie, un événement marquant
Quel événement l’a particulièrement marqué au cours de sa carrière? Spontanément, il répond la période de la pandémie. «Ç’a été tout un choc et c’était difficile pour tout le monde. Autant au bureau municipal, où nous étions tous en télétravail, qu’au niveau de la MRC. On avait l’impression qu’on n’avait plus de contacts. J’étais préfet et pour Raphaël Teyssier, qui était directeur général de la MRC à l’époque, ce n’était pas facile de gérer tout ça.»
Il raconte à ce propos une anecdote surprenante.
«Trois mois avant la pandémie, nous étions plusieurs personnes de la municipalité de Stoke à suivre un cours sur les mesures d’urgence. Nous nous sommes exercés concernant différents scénarios de catastrophes. Quand nous sommes arrivés à la question d’une pandémie, le formateur nous a dit : «On peut bien en parler, mais ça n’arrivera pas.» C’est donc le seul scénario pour lequel nous n’avons pas fait de simulation!», divulgue-t-il avec un sourire dans la voix.
Luc Cayer rapporte que malgré les défis de la pandémie, la municipalité n’a pas eu à soutenir de citoyens en détresse. «Les gens se débrouillaient pas mal entre eux. Il y a eu beaucoup d’entraide, entre voisins.» Lui-même a donné un coup de main, à titre personnel, à une personne âgée qui n’était plus en mesure d’aller faire son épicerie.

Pourquoi s’être impliqué?
Qu’est-ce qui a initialement provoqué son saut en politique?
«Bien avant mon arrivée en poste, il y a 26 ans, je m’étais présenté une première fois comme conseiller. Contre mon voisin. Finalement, c’est lui qui l’a emporté. Et j’étais bien content pour lui. Le jour de l’élection, nous étions même allés manger ensemble. Certaines personnes trouvaient ça curieux. Mais ce n’est pas parce qu’on se présentait l’un contre l’autre que nous étions en chicane.»
Ce conseiller et voisin, Bertrand Ducharme, a poursuivi son ascension politique. Jusqu’à devenir maire de Stoke. C’est à ce moment que Luc Cayer s’est présenté à nouveau pour un poste de conseiller et qu’il a été élu.
Lors du départ de Bertrand Ducharme, Luc Cayer s’est présenté à la mairie. Qu’il a remporté. Et depuis 16 ans, les citoyennes et citoyens l’ont réélu à chaque élection.

De plus en plus de contraintes
Luc Cayer déplore qu’au fil des ans, ce qu’il appelle les «contraintes gouvernementales» se sont multipliées.
«Il y a de plus en plus de lois et de règlements de ci et de ça qui nous arrivent. Ce n’est plus du tout la même chose qu’à mes débuts à la mairie, il y a 16 ans. Le gouvernement dit qu’il va rendre les choses plus facile et les alléger, mais ce n’est pas vrai. La reddition de comptes n’est pas plus facile qu’elle était.»
«Ça vaut combien, un maire?»
Quel conseil donnerait-il à un jeune qui souhaite se lancer en politique?
«Ce n’est pas tant aux jeunes que je m’adresserais pour répondre à cette question, mais aux municipalités. Si nous voulons avoir de la relève, il va falloir à un moment donné que les municipalités paient les gens en conséquence.»
Luc Cayer déplore le fait que les élus, de son point de vue, ne sont pas rémunérés à leur juste valeur. «Ça vaut combien, un maire?», lance-t-il. Cet ancien infirmier aux soins intensifs a pris sa retraite à 55 ans. Ce qui lui a offert l’opportunité de se consacrer à ses fonctions politiques. Il dit gagner environ 30 000 $ pour son travail d’élu. «Je dis souvent à la blague que si je comptais mes heures, je pense que je serais en bas du salaire minimum», lance-t-il.
Il poursuit en prenant cette fois l’exemple du maire de Saint-François-Xavier-de-Brompton, Adam Rousseau. Qui a lui aussi décidé de ne pas se présenter pour un autre mandat, l’automne prochain.
«On ne peut pas occuper un emploi à temps plein et, en plus, être maire d’une municipalité. C’est dommage, parce que les municipalités perdent ainsi de bons candidats», croit-il.

«Je me suis fait de très bons amis»
Les relations nouées avec de nombreuses personnes font partie de ce qui l’a profondément marqué.
«En 26 ans, on crée des liens. Je me suis fait de très bons amis en politique. Dont certains, malheureusement, sont décédés trop rapidement.»
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